En construction depuis 2002, ce mur répond à des logiques stratégiques. Les images satellite permettent d'en voir la violence.

Le mur de sécurité : de la honte : de séparation : d'appartheid :

Zone de suture

L’expression « zone de suture », vient de l’armée israélienne. Elle révèle avec beaucoup de pertinence la blessure que constitue le mur, en séparant deux parties d’un même corps (1).

La barrière est composée à 95 % d’un système de clôture multi-couches, c’est-à-dire de tracés parallèles, de 50 à 100 mètres de large. Du côté palestinien il est constitué d’un fossé, puis d’une pile pyramidale de 6 rouleaux de fils barbelés, suivi d’un grillage central muni de détecteurs électroniques. Du côté israélien, une rangée de fils barbelés, une route de patrouille de chaque côté et une bande de sable destinée à identifier les traces de passage. Au terme de la construction, les sections en béton devront couvrir 6 % du tracé total. Le mur est ponctué de tours de contrôle.

Censé suivre la Ligne Verte (la ligne de démarcation décidée après la guerre de 1949), il a finalement été bâti sur les Territoires Palestiniens, annexant d fait 16% du territoire (2), et enfermant 237 000 Palestiniens dans la zone militaire entre la Ligne Verte et le mur. Sur certaines portions il s’en écarte de 23 kilomètres. Selon la Cour Internationale de Justice et d’autres agences des Nations unies, ce mur constitue une violation du droit des Palestiniens à l’autodétermination, à la famille, à la libre circulation, au travail, aux soins et à l’éducation (3).

Le mur a été construit pour protéger Israël des attentats palestiniens qui se multipliaient depuis la Seconde intifada (2000) et qui avait atteint le millier de morts. Le nombre d’attentats-suicide passe de 72 entre 2000 et 2003 à 12 entre 2003 et 2006. Il est qualifié de « clôture antiterroriste », de « mur de sécurité », ou de « muraille de protection » par ses défenseurs et de « mur d’apartheid », de « mur de séparation raciale » ou de « mur de la honte » par ses détracteurs.

En 2003, il est déclaré illégal par l’Onu à 144 voix contre 4. La Cour Internationale de Justice le déclare contraire au droit international depuis 2004. La Cour Suprême d’Israël reconnaît la légitimité du mur mais signale qu’il viole le droits des Palestiniens. En 2016 le pape François demande une redéfinition du tracé du mur autour de Beit Jala pour ne pas séparer les paysans de leurs terres. Cette requête est toujours en cours d’examen.

Si le mur atteint les 500 kilomètres prévus, il coûtera un milliard d’euros.

27.260186, 42.798402

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Les images ci-dessous montrent des exemples de détours empruntés par le mur pour englober des colonies : celle de Har Adar, d’Etz Efraim, de Bayit Vagan, Modi’In Illit, Alfei Menashe et de Sal’it.

Har Adar, 31.826774, 35.129431

Hinanit, 32.479888, 35.174047

Etz Efraim, 32.119970, 35.047787

Modi’In Illit, 31.931404, 35.042980

Sal’It, 32.241609, 35.052704

Alfei Menashe, 32.167503, 35.024686

Avec Damien Simonneau nous reviendrons sur les tenants sociologique set politique de la protection des frontières en général et en particulier sur le cas palestinien. L’aspect stratégique de la construction de la frontière, le contrôle de ressources, la séparation de localités et le mur commme outil de domination en général seront développés.

1 Damien Simonneau, L’obsession du mur Politique de militarisation des frontières en Israël et aux États-Unis, Monographies, 2020, 422 Pages

2 Rapport du secrétaire général des Nations unies, document A/ES-10/248, présenté à la Cour internationale de justice le 24 octobre 2004, p. 3, par. 8.

3 Claudie Barrat, « Le mur », Études rurales, 173-174 | 2005, 109-126.