La morphologie urbaine des colonies israéliennes en Cisjordanie nous donne des informations sur les stratégies d’occupation. Domination militaire, stratégie de fait accompli, volonté d’expansion : l’organisation des colonies comme le maillage des implantations sur le territoire ne doit pas cet aspect si particulier au hasard.

Contrôle des hauteurs et colonisation

Les premières images présentent 16 colonies israéliennes et 16 villages palestiniens : les deux types d’urbanités se distinguent nettement. Qu’est-ce que la morphologie urbaine des colonies nous apprend sur les stratégies d’occupation ?  D’abord, dans les colonies les habitations sont majoritairement similaires. Cela s’explique par le fait que les infrastructures de construction étant situés en Israël, elles sont préfabriquées de l’autre côté du mur sur des modèles standards puis transportées et montées sur place, dans les territoires occupés. Leur disposition en spirale répond quant à elle à une logique d’extension mais aussi de sécurité, en évitant la présence de maisons isolées. Enfin, elles sont généralement placées en haut des collines, ce qui offre un avantage stratégique militaire (1). La disposition des différentes colonies répond quant à elle à un maillage délibéré qui vise à isoler les villages palestiniens tout en reliant les colonies entre elles (2).

Les premières images présentent 16 colonies israéliennes et 16 villages palestiniens : les deux types d’urbanités se distinguent nettement. Qu’est-ce que la morphologie urbaine des colonies nous apprend sur les stratégies d’occupation ?  D’abord, dans les colonies les habitations sont majoritairement similaires. Cela s’explique par le fait que les infrastructures de construction étant situés en Israël, elles sont préfabriquées de l’autre côté du mur sur des modèles standards puis transportées et montées sur place, dans les territoires occupés. Leur disposition en spirale répond quant à elle à une logique d’extension mais aussi de sécurité, en évitant la présence de maisons isolées. Enfin, elles sont généralement placées en haut des collines, ce qui offre un avantage stratégique militaire (1). La disposition des différentes colonies répond quant à elle à un maillage délibéré qui vise à isoler les villages palestiniens tout en reliant les colonies entre elles (2).

Sur cette image on observe deux colonies : Nofim et Yakir et un avant-poste : Yair. Les colonies revêtent un caractère officiel dans la mesure où elles sont reconnues par l’Etat d’Israël, même si elles sont illégales du point de vue du droit international. Les avant-postes quant à eux sont construits sans autorisation du gouvernement israélien. De taille plus réduite, ils sont construits dans des matériaux plus légers afin d’être posés plus rapidement dans le but de créer, à terme, le fait accompli et devenir des colonies officielles (3). Celles-ci bénéficient de financements directs à leurs administrations locales, des investissements en infrastructures (routes, écoles, réseaux d’eau et d’électricité), des incitations fiscales ainsi que des garanties de sécurité pour les colons (4).

L’avant-poste Yair a été établi en 1999. Il tire son nom d’Avraham (Yair) Stern, fondateur du groupe terroriste Lehi (5). L’avant-poste est rapidement évacué mais reconstruit en 2001. Construit par des habitants de la colonie voisine Yakir, il est situé sur 17.600 kilomètres carrés de terres palestiniennes expropriées (6). Le Rapport Sasson, publié le 8 mars 2005 par le gouvernement israélien, détaille comment des millions de shekels ont été dépensés par le ministère de la défense et celui du logement pour financer des avant-postes illégaux. Selon ce rapport, celui-ci avait bénéficié d’un million de shekels (7). En 2021, il est officialisé par le gouvernement israélien et considéré comme un quartier de Yakir (8).

(1) DIECKHOFF Alain, Les Espaces d’Israël : Essai sur la stratégie territoriale israélienne, Paris, Presses de Sciences Po, 1989, 215 p

(2) AMIOT Hervé « Les colonies israéliennes en Cisjordanie (3) : approche multiscalaire des stratégies territoriales », Les clés du Moyen-Orient, www.lesclesdumoyenorient.com/Les-colonies- israeliennes-en 02 novembre 2013

(3) B’Tselem. (2020). « Exploiting the Occupation: Israeli Policy in the Jordan Valley and Northern Dead Sea » [Rapport]. Récupéré sur https://www.btselem.org/.

(4) Peace Now. (2021). « Financial Incentives and Subsidies for Settlements » [Rapport]. Récupéré sur https://peacenow.org.il/en/financial-incentives-and-subsidies-for-settlements/.

(5) Arie Perliger, William L. Eubank, Middle Eastern Terrorism, 2006 p. 37: « Lehi viewed acts of terrorism as legitimate tools in the realization of the vision of the Jewish nation and a necessary condition for national liberation. »

(6) Peace Now. (2019). « Behind the Barrier: The Settlement Project in the West Bank » [Rapport]. Récupéré sur https://peacenow.org.il/.

(7) Sasson, Talia. 2005. The Sasson Report: Legal and Administrative Aspects of Unauthorized Outposts. Jerusalem: Government of Israel.

(8) « 780 Settlement Housing Units Approved Ahead of US Presidential Transition ». Peace Now. 17 January 2021.

(9) Human Rights Watch. (2020). « Israeli Settlements and the Apartheid Analogy: Building Blocks of Palestinian Statehood » [Rapport]. Récupéré sur https://www.hrw.org/.

Colonies : Rimonim, Nahliel, Nofim et Yakir, Ma’Ale Levona, Immanuel, Halamish, Einav, Eli, Giv’At Ze’Ev, Dolev, Beit Arye, Neshusha, Ariel, Ma’on, Alei Zahav, Rawabi.

Villages palestiniens : Qusra, Qarawat bani Zeid, Mukhamas, Mughavir, Meithalun, Majdal Bani Fadil, Kafr Qaddum, Kafr Alabad, Ilar, Duma, Dayr Al Sudan, Deir Istiya, Yasuf